Peindre le Temps
Lorsqu’on parle avec Miguel Escrihuela, on découvre un homme qui fait corps avec son temps. L’homme et l'artiste ne font qu’un pour créer sur ses toiles une représentation du quotidien.
Il nous parle du présent, de cette immédiateté à laquelle il donne une consistance colorée au temps qui passe, souvent à toute allure.
Pourtant Miguel est respectueux du passé et soucieux du futur, mais il peint les marques d’aujourd’hui.
Ainsi, trois formes de temporalité se conjuguent dans les travaux de Miguel Escrihuela : un temps long, parce que ses œuvres s’inscrivent dans l’histoire de la peinture. Une histoire faite d’études, d’apprentissages et de respect des techniques ; un temps moyen, qui correspond aux périodes d’exposition de ses toiles dans un temps « chronométré », une durée définie par l’horloge des galeries, des salles des ventes, des musées ; enfin un temps court, celui de l’émotion que l’on ressent quand on est face à ses tableaux.
Les peintures de Miguel Escrihuela expriment les accélérations du temps qui passe, et elles se fixent en nous, dans nos yeux et nos cœurs, de sorte qu’elles viennent défier les certitudes: celles qui consistent à croire que l’art de peindre ne pourrait être un produit de l’instantanéité.
Comme dans un poème de Louis Aragon, Miguel Escrihuela n’aurait-il pas en lui la marque du gitan qui vit intensément l’instant présent pour prendre « le temps de peindre » ?
Charles Calamel